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Animae Perditio

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25 décembre 2008

La comptine du phénix


La flèche puis une seconde, une fois décochée, sifflèrent, parcoururent une cinquantaine de mètres avant de se planter en plein cœur du cerf argenté. Après sa course effrénée à travers les arbres centenaires, les buissons aux épines tranchantes, il s’effondra littéralement mais non moins avec noblesse, avachi par ce coup quasi-meurtrier qui avait fait taire toute la forêt. Ses bois glorieux firent trembler la terre quand il tomba. Deux hommes fort bien dotés par la nature, l’un, cheveux mi-longs, bouclés et châtains avec un arc court en main, l’autre, cheveux longs et blonds, avec une lame en fer. Ils s’en approchèrent lentement. L’animal respirait bruyamment, le regard rougi d’amertume et de désespoir avant de pousser un ultime râle. Ils s’accroupirent à quelques mètres comme pour lui rendre hommage. L’animal se releva tout à coup, encorna avec une force inouïe le jeune homme au poignard avant de le projeter à une dizaine de mètres. Alors qu’il allait s’occuper de l’autre chasseur, le jeune homme revint à l’assaut, et fit tomber le cerf. Le chasseur à l’arc court le regarda pétrifié. Il le poignarda furieusement une dizaine de fois, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il avait succombé… Il reprit enfin ces esprits :

_ Bien visé !

_ De même petit frère ! Sans ta lame, on ne l’aurait jamais eu, je crois même qu’on ne serait plus là pour en parler… répliqua son aîné, qui se ressaisissait. Soit, apportons la dépouille à la vieille sorcière, comme elle l’a demandé.

Ils prirent sur leurs fortes épaules le magnifique cadavre du cerf argenté au pelage ensanglanté, puis ils se mirent en marche. Après un périple sans peine d’une demi-lune, lors d’un crépuscule de printemps, ils arrivèrent au campement. Les deux hommes furent accueillis en héros : « Vous avez tué un des légendaires cerfs argentés ? Un vrai de vrai ? » demandaient les uns. « Qu’est-ce qu’il est beau et rayonnant ! Malgré les taches rouges, son pelage resplendit toujours ! » s’exclamèrent les autres. Le vieux chef de la tribu vint à leur recontre :

_ Alors Daslika et Sikkhar? Vous nous êtes enfin revenus sains et saufs avec le trophée promis ?

_ Il n’est pas beau franchement, Daminion ? dit l’aîné. On a mis du temps quand même pour l’avoir. Heureusement que Sikkhar a été une fois de plus impétueux.

_ Quant à toi, on ne peut pas dire que tu aies le regard perçant d’un aigle, railla le cadet.

_ En tout cas, coupa le chef, tous les deux faites la bonne paire et êtes les héros de notre tribu.

_ Oui et j’espère qu’on sera amplement récompensé pour cet acte de bravoure, reprit Sikkhar

_ Vous verrez. L’ancienne vous attend dans la tente principale, avec la dépouille du cerf, bien sûr. A partir de maintenant, vous êtes seuls, sourit le chef. 

La foule accompagna les deux frères vers la tente où la chaman les attendait. Ils soulevèrent la grande toile d’entrée et y pénétrèrent seuls, la dépouille sur le dos. A l’intérieur brûlaient de l’encens ainsi qu’un feu assez pâle, assez suffisant toutefois pour l’éclairage de la pièce. Derrière ce dernier, une vieille femme avec des cheveux gris assez longs, un visage extrêmement froissé et un chapelet de dents acérés autour du cou, était assise sur la terre. Une flamme s’éleva brutalement dans les airs. Les chasseurs s’immobilisèrent d’effroi.

_ Ah ! Vous voilà enfin ! J’ai senti l’odeur du cerf argenté venir exciter mes narines. Laissez-le par terre, à ma gauche et asseyez-vous devant le feu, je vous prie.

_ Oui, oui bien sûr ! Répondirent-ils en chœur.

Ils s’exécutèrent avant de s’asseoir face au feu. Quelques minutes passèrent en silence, sous les crépitements du bois qui se consumait. Sikkhar, qui gesticulait nerveusement au bout d’un moment, interrompit ce qui semblait être un temps de recueillement.

_ C’est tout ? Vous nous appelez pour rien ?

_ Silence, jeune effronté… Sentir l’odeur d’un cerf argenté pour une vieille prêtresse aveugle n’est pas permis tous les jours. Si tu es si pressé, alors que tu as devant toi toute une vie, tu n’iras jamais bien loin ! Il faut rendre hommage à ce noble dieu, qui s’est battu courageusement contre vous, comme me l’a soufflé le vent. Vous devez passer la nuit ici à méditer mes enfants. Demain avant l’aube, je l’ouvrirai afin de lire l’avenir dans ses entrailles. C’est tout ce que vous devez savoir pour le moment.

Ainsi ils passèrent une nuit longue, très longue sans doute, à méditer jusqu’au petit matin, même si Sikkhar se plaignait de temps à autre de quelques maux de tête, d’avoir toujours dans son esprit l’image du cerf argenté. La chaman lui  imposait immédiatement le silence. A l’aurore, où les dernières étoiles disparaissaient du ciel, et où la pleine lune se couchait, tous les trois sortirent, les frères portant sur le dos le cerf qui fut déposé non loin de l’entrée de la tente, sur un tapis d’herbe où la rosée s’épanouissait. La sorcière demanda à Sikkhar d’inciser l’abdomen de l’animal avec le couteau, celui-là même qui avait achevé le cerf. Du sang caillé s’en échappa. Elle s’accroupit devant l’ouverture béante, plongea les mains à travers les entrailles du cadavre.

Dans le village, on racontait que la prêtresse était capable de voir l'avenir à travers ses yeux aveugles en plongeant les mains dans les entrailles des animaux morts, comme pouvait le faire les haruspices romains. Elle avait demandé aux deux frères de chasser un cerf argenté, afin de désigner le successeur du vieux chef, Daminion. Elle resta dans cette posture jusqu’à l’aube. Son visage ridé était tiqué d’un sourire crispé, signe que les oracles semblaient de mauvais augure. Une étoile filante traversa le ciel. Enfin elle se releva. Sa tête se courba vers le levant qui l’inonda de sa lumière. Elle s’exprima aux deux frères en ces termes :

_ Je ne peux malheureusement pas désigner l’un de vous deux pour le moment, pour diriger le clan. Dans les temps futurs, vous devrez choisir entre vous et vos frères, mourir ou nous détruire… Notre destin ne pouvait être pire. Toutefois, une Rédemption est possible, je l’ai senti à travers l’étoile filante. Oui, un oiseau de feu a traversé le ciel pour apaiser notre douleur. Il faut que vous rameniez son sang pour assurer la pérennité éternelle de notre tribu. Je le vois, il est sur une montagne de feu à l'ouest, qui est aussi enflammée que l'astre du jour... Il me parle ! .... ... ... Il vous attend ! Partez dès à présent à sa recherche !

_ Nous irons ! répondit Sikkhar déterminé. Un volatile, c’est plus facile qu’un cerf, non ?

_ Certes, je crois en plus que nous n’ayons guère le choix, ajouta Daslika.

Sikkhar s’en alla aussitôt chercher les armes et quelques affaires pour la route. Il tendit l’arc et son carquois à Daslika.

_ Allez, en route Grand Frère !

_ Attendez, attendez ! S’exaspéra l’ancienne. J’ai un cadeau pour toi Daslika de la part d’Emmeles. Elle n’a pas pu te le confier, elle s’est retirée près de la rivière. Prend ce collier de dents, avec cette petite flûte en roseau. Elle pense beaucoup à toi. Allez maintenant, enfants du soleil couchant, partez rencontrer votre destinée ! »

Ils partirent silencieusement, sous le regard attentif des quelques villageois qui venaient de se réveiller. Maintenant, Daslika savait qu’il devait revenir pour Emmeles, qui l’avait choisi lui, et non son frère. Se retirer signifiait chez une femme du clan qu’elle allait se marier à la prochaine nouvelle lune. C'était une fille d’un âge mur, à la chevelure longue et brune, considérée comme la plus belle fille du clan. Quel mariage faste ce serait s’il lui ramènait l’oiseau de feu !

Les deux frères s’en allèrent vers l’Occident. Pendant une demie lunaison, ils traversèrent des bois touffus, des rivières au courant violent, combattirent un ours et une horde de loups affamés. De plus en plus souvent, Sikkhar se plaignit de ses maux de tête, il lui arrivait de cauchemarder de ce cerf argenté. Son frère le rassurait, l’animal avait été tué de ses propres mains. Puis ils gravirent des collines aux pentes raides jusqu’à se trouver en face d’une montagne avec un cône en guise de sommet. Tout était calciné autour, rien ne poussait. Daslika s’exclama en pointant du doigt la montagne :

_ Nous voilà enfin arrivé ! Des fumées s’échappent du haut de la montagne.

_ Oui, enfin. L’oiseau doit être en haut.

Ils escaladèrent la montagne, non sans difficulté car la fumée commençait à s’épaissir et les cendres, encore chaudes, leur brûlaient les pieds. Ils parvinrent au bout du gouffre. La fumée recouvrait totalement le cratère, avant de se dissiper brutalement, laissant apparaître un chemin qui conduisait au centre sur lequel siégeait sur son immense nid de paille, le magnifique oiseau de flammes et ses longues plumes dorés en guise de queue. Ils allèrent à sa rencontre, puis arrivèrent à quelques mètres de lui. Ce roi légendaire, qui d’après certains dires était immortel, les regardait fixement, ne tentant même pas de s’enfuir. Les frères se préparaient déjà à dégainer leurs armes quand tout à coup :

_ Enfin vous voilà arrivé, n’essayez pas de me tuer, moi le Phénix, car je vais vous faire un immense cadeau, quelques gouttes de mon sang et…

_ Balivernes ! s’écria Sikkhar pris d’un accès de folie. Ce que je veux, c’est ta tête, c’est de me marier, c’est d’être le chef de la tribu, c’est de me venger car tu ne m’as pas sauvé alors que nous étions liés par le pacte de la nature face à ces maudits humains qui ont massacré sans pitié les miens.

Il se précipita, décapita l’oiseau d’un coup de poignard. Il prit sa tête, la brandit en l’air comme un nouveau trophée avant de saisir son corps et de boire comme une gourde le sang qui en giclait. Daslika ne bougea plus, tétanisé par un spectacle qu’il avait du mal à comprendre. Sikkhar n’était qu’un animal assoiffé. Des poils argentés se mirent à pousser sur son corps. Soudain le Phénix reprit mélodieusement la parole une dernière fois : « C'est ce qui me semblait, cerf argenté, tu avais donc si peur de la mort, si peur de mourir. Ce sera donc toi l'immortel. Tu es condamné à souffrir pour l'éternité à travers la haine, la folie, tu ..." L'oiseau n'eut pas le temps d'achever sa phrase car Sikkhar jeta le corps et la tête dans le cratère en criant longuement : TAIIIIIIISSSS-TOIIII !  TAIIIISSSS-TOIIIIIIII  !" La terre se mit à trembler. Des jets de lave commencèrent à fendre le sol. Daslika se ressaisit en pensant qu’il devait retourner au pays pour sa bien-aimée. Il prit plusieurs flèches de son carquois qu’il décocha violemment sur son frère qui se transformait. Il vacilla, puis tomba au bord du précipice. Il se releva, comme s’il n’avait senti que de l’air passer à travers lui. Sikkhar retira les flèches sans que la moindre goutte de sang ne tombe. Dans un rugissement de colère, il se rua sur son aîné, le transperça plusieurs fois, rompit le collier d’Emmeles avant de le jeter au cœur du volcan, comme l’oiseau de feu quelques instants auparavant, sans raison propre, son unique frère, qui l’avait vu grandir, qui l’avait aidé, qui lui avait appris à chasser… Juste avant de s’envoler dans les abîmes enflammés à travers des cris et des pleurs, la flûte s’échappa de son carquois et des notes de musique s’en échappèrent. Cela calma Sikkhar. Il redevint humain. Quelques secondes passèrent, interminables. Il ne s’était pas rendu compte de ce qu’il avait fait. Il pleurait juste. La montagne était sur le point d’exploser. Sikkhar comprit qu’il ne fallait pas s’attarder, il s’éloigna aussi vite que possible de la montagne.

Du haut d’un arbre, il assista à la colère de la montagne, lorsque soudain, une boule éblouissante de lumière s’en échappa. Sikkhar ne sut expliquer le phénomène. Pendant toute une nuit, il rendit hommage à son frère, repensant à tout ce qu’ils avaient pu faire ensemble dans leur tendre enfance jusqu’à devenir des chasseurs endurcis. Il enterra le collier sous un bouleau sur lequel il grava un joli oiseau avec son poignard taché de sang séché.

Durant des lunes et des lunes, des jours et des nuits sans fin, il errait sans jamais s’arrêter, ni pour manger ni pour dormir, à travers la forêt, les bois, au bord des torrents, pour que ce qui s’était produit ne se reproduise jamais, par peur de lui-même.

Un jour, par hasard, il revint au campement. C’était le crépuscule. L’endroit était complètement déserté. Il ne restait qu’une tente d’où résonnaient de biens douces notes de musique. Sikkhar y pénétra non sans curiosité, accompagné d’un sentiment d’apaisement que provoquait cette harmonie musicale. Pour la première fois depuis longtemps, il revit Emmeles qui l’accueillit très chaleureusement. Ils discutèrent jusqu’au bout de la nuit autour d’un bon repas composé de divers gibiers et d’un bon feu. Emmeles lui raconta qu’un oisillon fait de flammes et à la queue dorée était venue à sa rencontre au bord de la rivière pour lui annoncer la mort de Daslika. La tristesse la submergea, surtout quand elle apprit que Sikkhar était le meurtrier. Toutefois, l’oisillon lui avait dit aussi que Sikkhar n’était en aucun cas responsable de cet acte, puisque possédé par un esprit qui réclamait uniquement la vengeance. Il lui dit aussi qu’il fallait lui pardonner, même si cet esprit influencera toujours le jeune homme et qu’elle devait retourner au village pour l’attendre. Daminion et le clan préférèrent partir, croyant aux décès des deux frères durant leur périple même si l’ancienne le contredisait.

Ils vécurent ainsi au rythme des discussions, de la musique qui s’enchaînait comme les jours et les nuits. Quelques semaines plus tard, un jour de pleine lune, ils s’épousèrent selon les anciens rites du clan. Plusieurs années passèrent, les enfants venaient nombreux, puis grandissaient. Il y en eut dix. Emmeles vieillissait, Sikkhar, maudit, restait jeune, inchangé. Un jour, elle mourut sans souffrance, dans son sommeil. Ses enfants purent fonder une nouvelle tribu, perpétuant l’histoire de Daslika et de Sikkhar, vaillants guerriers.

Quant à ce dernier, à la mort de sa femme, il alla se retirer dans les montagnes car il avait peur que la folie ne le reprenne, dit-on et on ne sut jamais ce qu’il était advenu de lui. On raconte que parfois, lors des nuits de pleine lune, un chant mélancolique et très doux résonne à travers les forêts et les montagnes, et d’aucuns avouent avoir vu un cerf argenté errer dans les bois voisins du campement…

Enfin une version veut que Sikkhar soit reparti à la recherche du Phénix afin qu’il le libère de sa malédiction, car il n’avait plus de raisons de vivre  sur cette terre, sans son frère, sa femme, mais ceci est une autre histoire…

 

Ainsi s’achève la comptine du Phénix, transmise à l’oral depuis des générations et des générations par une tribu d’un pays d’Asie lointain, très lointain, qui se nommaient eux-mêmes les Oméens.

 

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25 décembre 2008

Animae perditio - Livre VI - 1ère partie : les naufragés


Potentia : « Ô toi qui franchiras cette porte du bonheur, la souffrance qui t’habite ne te quittera désormais plus jamais »

 

 

*

*              *

 

Nous nous étions affranchies des règles prescrites
Par l’expérience interdite
Afin d’atteindre un bonheur absolu

Malheureusement, nous, les âmes perdues,
Sommes condamnées à errer pour l’éternité
Sans d’autres espoirs qu’un jour prochain
En retrouvant le néant
Nous soyons libérées de notre indicible souffrance

 

Le Forgeron des Âmes


 

 

    Animae Perditio

 

Alpha Livre VI, présent

 

 

Les naufragés

 

        Dormir. Une envie pressante et irrésistible après une dure journée de travail. Bibliothécaire à Lyon, c’est mon travail. Quelque chose de fantastique ; passer son temps à s’occuper de vieux grimoires, à fureter discrètement dans les rayons et mettre la main sur une édition originale de Faust ou lire tranquillement sur mon bureau un tome des Princes d’Ambre. Pourtant, le métier reste difficile, on doit veiller sur cette bibliothèque municipale comme un joyeux de musée, veiller à acquérir de nouveaux manuscrits et conseiller le chaland, toujours trop bruyant, qui oserait s’aventurer malencontreusement dans un labyrinthe de rayons. Comprenez-moi maintenant, avec toutes ces heures supplémentaires, j’aimerais pouvoir flâner en fin de semaine goûtant les traboules, les bars des Pentes, et profiter tranquillement des fêtes de fins d’année avec les amis, les êtres les plus chers au monde qu’on puisse avoir au monde avec la famille.

        Couché sur mon lit, clope au bec, je vérifiais du regard si ma chambre était en ordre. Une fois de plus attiré par je ne sais quelle force, il se posa sur le tableau anonyme acheté chez un brocanteur plus ou moins véreux le mois précédent, à Paris et dont l’enseigne s’appelait « Chez Pisari ». Une fois de plus il me prit au piège ; il m'envoûta aussi bien que par sa beauté que par son âme séductrice. La toile qui datait sûrement de l’époque du baroque représentait une tombe de granit au bord d’une falaise faisant face à une immensité rougeâtre, reflet du couchant. Ah ! quel cadre mélancolique aux abîmes profonds, mourir ici me semblerait bien paisible par rapport aux huées de la ville et ces chiens, ces cabots qui depuis tout à l’heure ne cessent d’aboyer, ce véritable concerto aux abois qui me fait pitié... et il s’arrêta brutalement, sûrement un enchantement divin. Mais quelque chose vint à remplacer leur malheureux concerto ; un chant discordant, indescriptible tant il avait l’air proche et lointain, sorte d’échos perdus dans la campagne. Une pâle lueur semblait envahir la pièce. Malgré tout, je fondis dans les bras de Morphée.

 

*

*                      *

 

        Le réveil ne fut pas agréable, loin de là. Lentement, les yeux s’ouvrirent sous l’impulsion directe d’un trait de soleil qui venait d’en haut. En haut ?! Aurait-on démoli mon plafond pendant mon sommeil ? Je me frottais les yeux. Etait-ce un rêve ou était-ce la réalité? Personne n’aurait pu le dire. Depuis quand ? Où étais-je ? Ce que je voyais autour de moi ne me semblait être qu’une vaste forêt sombre, et moi, couché dans une petite clairière baignée par le soleil de midi sur un lit de pierre... un autel avec ses propres glyphes, sa propre signification, mais ce fut ici même mon lieu de réveil. Je me levais. Lorsque je posai le pied à terre, un chemin surgit du sol, faisant fondre les hautes herbes séchées de la clairière et alla se frayer une ouverture dans cette forêt immaculée de vert et de noir. Je suivis cette étrangeté. Ne me demandez pas pourquoi pour mes faits et gestes à venir dans l’aventure, car je n’avais que pour seuls guides, l’angoisse et l’instinct. Le chemin s’allongeait à chacun de mes pas apparemment tandis que les allées d’arbres paraissaient un labyrinthe qui n’en finissait jamais. À un moment donné, des ronces surgirent. Ce fut bien ma veine, car, en tentant de les traverser à l’aide d’une branche, les épines déchiquetèrent mon pyjama et mon corps. Je m’en sortis sauf, clopin-clopant. La forêt s’obscurcissait. Je pensais qu’il était midi. J’étais sur le qui-vive. À tout instant, je craignais qu’un monstre sorti du néant de la forêt ne m’attaquât. Mais il n’en fut rien. En fait la surprise vint plus tard. La forêt s’éclaircissait lorsque je vis un halo de lumière, regonflant mon espoir à bloc. Enfin la fin du chemin... qui amenait à la même clairière ! L’autel, les glyphes, les hautes herbes, même le temps n’apparut pas changé... Je m’assis sur le tas de pierres rugueux, pour dormir. J’espérais par ce biais rentrer chez moi.

    Une brise fraîche se leva et les feuilles des arbres s’agitèrent. Un grelottement se fit entendre, devenant de plus en plus proche, de plus en plus proche... Soudain sortit de nulle part un petit être gris avec deux trous noirs biscornus. Et quand il bougea la tête comme un grelot, un clac clac harmonieux se produisit, comme s’il m’invitait à le suivre. J’essayais de l'attraper par jeu. Mais ne m’étais-je pas déjà approché de lui qu’il avait disparu pour ressortir dans mon dos. Il produisit un clic clic de joie. Je continuai ma chasse, tout en me demandant par rapport à mes précédentes lectures ce que ce petit être était vraiment. Il m’entraîna dans la forêt, se fichant du tracé. Ce cache-cache dura un temps que je n’ai jamais vu passer, mais je ne réussis jamais à l’attraper, car à chaque fois il disparaissait pour réapparaître un peu plus loin dans ces bois perdus.

     Les arbres devenaient au fur et à mesure moins fréquents, plus gros et leur feuillage s’épaississait. La lumière n’était plus qu’une pâle lueur qui s’assombrissait. La fin de journée s’annonçait. Enfin, je perdis de vue cet étrange petit personnage et la clameur de son clac clac s’enfuyait avec lui. Même en étant seul maintenant, je pris la résolution de continuer tout droit. Soudain un étang à l’eau plus que trouble. Je m’assis au bord, jetant des pierres-ricochets, perdu dans mes pensées. Alors, une main se posa sur mon épaule gauche. Je sursautai et me retournai vivement. Mais je fus étonné par ce que je vis. Une femme aux traits délicats, nue à la chevelure verte et tombante, sortie tout droit de la terre, couleur de ses yeux brillants. Elle me ressaisit les deux épaules cette fois-ci, me releva d’une grande force, et m’embrassa. Je me débattis légèrement. Elle me prit la main et ne la lâcha plus. Je ne pus résister à son appel, j’étais sous son charme. De plus, ce baiser goulûment donné m’avait ôté toute forme de résistance.

    Elle me promena à travers bois, un bon moment. Nous le quittâmes inopinément, au soleil couchant, pour atterrir à une vaste plage qui donnait sur un lac ou une mer, je ne pus juger. Nous longeâmes la lisière forêt-plage. Au loin une falaise, un panorama familier. « Vous êtes bientôt arrivés chez le maître », me dit-elle d’une voix suave accompagnée d’un regard étincelant. Elle avait ouvert la bouche pour la première fois depuis notre « rencontre ». Elle m’emmenait donc chez son maître ? Mais qui pouvait-il bien être ? À quoi ressemblait-il ? Je n’arrivais pas à l’imaginer, je ne pensais pas qu’une telle femme fût esclave. Mes forces revenaient petit à petit, mais son étreinte sur ma main restait extraordinaire. Pas à pas se découvrait une maison ou plutôt une vieille chaumière perchée sur la falaise, avec une cheminée qui crache à tout-va, un toit à la mousse éperdue, des briques nues, deux croisées et une porte pour compléter le tout.

    Nous nous en approchâmes. Enfin le pas de la porte. Elle me regarda mélancoliquement, lâcha ma main. Sa voix, triste, m’envoûta encore : « Il vous attend. Ouvrez la porte et entrez, c’est un ordre. Pas le droit de venir avec vous, d’autres choses à faire. » J’obéis. J’abaissai la lourde poignée, la porte couina, et j’entrai dans l’antre, refermant la porte derrière moi. Une lumière et un air sauvage emplissaient la maison. Un four se situait en plein coeur de la pièce pauvrement meublée. Un vieil homme bourru et courbé, aux haillons houillers presque crasseux, vint difficilement vers moi, aidé de sa canne, mais ses yeux pétillaient d’intelligence, de ruse et d’une vivacité rare comme ses cheveux blancs du reste. Il murmura solennellement :

     _ Je... t’attendais... ou plutôt tu es revenu, Condamné.

     _ Hum… Qui êtes-vous ?

    _ Oh moi ? Je ne suis qu’un vieux forgeron, on me surnomme « Forgeron des âmes », celui qui anime l’inanimé si tu veux tout savoir.

      _ Et où sommes-nous ?

   _ Peu importe où nous sommes. Mais dis-moi, pourrais-tu me raconter comment tu as réussi à revenir ici ?

     _ Ah, oui ? C’est bien la première fois que je viens ici et votre créature m’a amené ici sans que je sache pourquoi ?

    _ Oh ! Ma dryade ? Elle vous plaît ? Elle a été au moins douce avec vous j’espère...

     _ Oui, énormément (se sert le poignet). Au fait, elle s’appelle comment ?

    _ Elle n’a pas de nom. Vous savez, cela ne sert à rien d’avoir un nom si vous n’êtes pas libre ; ce n’est que mon humble golem de plaisirs... Elle n’a pas d’âme.      

     _ Certes..., je ne sais même pas où je suis, enfin ce monde qui m’entoure.

  _ Tu n’as pas besoin de le savoir. Tu oublieras comme habitude. On m’a demandé de te faire venir ici pour la vérification. Il viendra te chercher. En attendant, assieds-toi et raconte-moi tes aventures jusqu’à ton arrivée dans mon humble demeure.

     _ Mais qui vient me chercher ? Demandais-je interloqué.

     _ Toi pardi ! Allez prends cette chaise, buvons du thé et ton histoire.

    Une table, deux chaises en bois, un service à thé en porcelaine et une bouilloire fumante subitement devant moi. J’en perdis mon étonnement. Je m’assis donc. Le propriétaire des lieux me servit une pleine tasse d’un liquide ocre, lequel une fois dans ma gorge, se révéla doux et sucré. Je me mis à conter cette journée. D’abord mon réveil, puis ma promenade solitaire, la partie de cache-cache, la rencontre avec la dryade, tout en enlevant son érotisme, et pour finir mon arrivée. Chaque épisode était commenté par un éclatement de rire, des questions ou encore un regard intéressé. Quand j’eus terminé, la nuit et les étoiles poignaient dehors. Il me dit : « Ah ! Magnifique ! Splendide, mon enfant ! Vous auriez dû être un conteur, vous savez ? » Malheureusement, alors que je m’apprêtai à lui répondre, un tremblement secoua la terre et le mobilier, la chaumière vacillèrent. Je m’écriai :


     _ Qu’est-ce que c’est ?

    _ Il se réveille. Enfin, tu te réveilles. Tout aura bientôt disparu, moi, toi, ce monde créé de toutes pièces, même si normalement ça ne secoue pas autant.

    Tout cessa de bouger.

    _ C’est étrange, fit le forgeron. D’habitude, on se serait déjà désagrégé pour que tu puisses entrer en toi et te poser tes propres questions pour choisir ta voie, la raison pour laquelle d’ailleurs tu es venu ici aujourd’hui, mon garçon. Je ne vois qu’une seule solution. Attendre, mais malheureusement pour toi, pas ici. Prépare-toi à être ballotté par les flots. Un bateau t’attend sur la mer, juste à côté de la falaise. Condamné, va maintenant, en solitaire, quitte cette maison ! Cette conscience !

    _ Comme vous voudrez, répondis-je sans grande conviction. Je pense que je ne fais que rêver… Vous me dites que du baragouin.

    Je m’en allais à l’endroit indiqué sous la brise du couchant qui portait dans son souffle l’odeur de l’eau salée. Sur la corniche, je reconnus la stèle du tableau. Quelques inscriptions semblaient avoir été gravées, mais le temps les a déjà effacées. En contrebas, un quatre-mâts en bois était amarré. Je descendis par un escalier blotti contre la falaise avant d’atteindre le vaisseau. Je montais le pont d’embarcation. L’endroit semblait désert, une froideur inhabituelle s’en dégageait. Je regardais la passerelle et je me demandais déjà comment ce vieux fou voulait que je fasse fonctionner cet énorme bâtiment. Tout à coup, j’entendis une voix mélodieuse : « Attends-moi ! Je viens avec toi ! » C’était la dryade habillée d’une robe de feuilles rouges flamboyantes qui, après être montée, arriva tout essoufflée vers moi et rougissante :

    _ Il m’a finalement libérée en me créant une âme et m’a dit de ne pas te laisser partir seul. Et que je devrais toujours t’accompagner.

    _ Ah bon ? Ça me fera alors une compagnie, car ce bateau a l’air vide. Avec un engin pareil, il faut bien un équipage complet pour le manœuvrer.

     _ Oui, je pense bien. Pourquoi, y a-t-il un souci ?

     _ Nous sommes que deux.

     _ Qu’est-ce que tu racontes ? Frotte-toi les yeux !

    Encore un tour de passe-passe, pensais-je. Je me les frottais. Mais quelle ne fut pas ma surprise, quand je les eus rouverts, de voir un soldat patrouiller devant moi ! « Alors, comment ça va ? Lança-t-il. On est fin prêt pour la traversée les tourtereaux ? » Deux marins s’approchèrent de la passerelle et la rétractèrent. Ils s’écrièrent « HISSEZ LES VOILES » et l’équipage en chœur « Hissez les voiles ! » Le bateau s’engouffra dans l’eau.

Le soldat me proposa de m’emmener à la cabine. Nous le suivîmes vers le principal. Avant que le soldat nous laissât, je me permis de lui poser une question :


    _ Où va-t-on exactement ?


    _ Nous allons de l’autre côté, enfin comme vous l’avez dit mon Seigneur.    

J’espère que la traversée se déroulera sans encombre pour vous et que nous n’essuierons pas de tempêtes. Je dois partir maintenant, prendre mon quart. Ah oui, une dernière chose, cette cabine est adjacente à celle du capitaine, faites attention, on dit qu’il ronfle pendant la nuit. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit mon Seigneur, faites-moi signe.

    Je n’osai pas le contredire. Le soldat partit en me remettant les clefs de la chambre. Je pénétrai dans la cabine avec ma nouvelle amie, tout en veillant à bien refermer la porte derrière moi. On s’assit tous les deux sur le lit. Je lui demandai alors:

  _ Est-ce qu’il t’a donné un nom alors ? Parce qu’il m’a dit que tu n’en avais pas, car ce n’était pas nécessaire... mais je crois que ça l’est maintenant.

    _ Un nom ? répondit-elle interloqué

  _ Oui, un mot qui permet d’appeler une chose, une personne. Tu vois, par exemple, ce truc-là, c’est un lit, tu le sais bien évidemment. Certains arbres dans la forêt s’appellent des chênes. Un nom, ça sert à désigner quelque chose. Moi, je m’appelle Daniel.

    Elle me pointa du doigt puis articula mon prénom avant de le répéter plusieurs fois, histoire de marquer ça joie. Je lui demandais s’il en voulait un aussi. Elle acquiesça. Je me mis à réfléchir pour son nom. Je lui en proposai plusieurs comme Aurélie, Cécile, Alice, Julie, mais cela ne me plaisait guère. Soudain, une idée me vint :

     _ Claire ! m’écriai-je

     _ Claiiiiireeeuu ?! Oh, je l’aime bien celui-là, me dit-elle tendrement.

    Elle me caressa les cheveux. Ainsi, je baptisai ma compagne de fortune Claire. Puis on se mit à discuter de tout et de rien. Elle savait beaucoup de choses d’après ce que je pus voir bien que me répétant souvent que cela lui faisait drôle d’être quelqu'un, car elle arrivait à penser librement. Elle était encore une enfant par son comportement, ignorant parfois des choses simples.

    Le bateau se mit à voguer paisiblement sur l’eau, comme si on naviguait sur un nuage. Nous prîmes rapidement notre aise dans cette cabine spacieuse. Un tapis prenait part au centre de la pièce, sur la gauche par rapport à l’entrée se trouvait le lit. Au bas de celui-ci était adossé un coffre où je découvrais quelques vêtements. Je pus enfin changer mon pyjama en loque contre une tenue de marin. À côté du lit, il y avait une table de chevet avec une bougie dessus, illuminant la pièce la nuit tombée. Enfin, la pièce était éclairée par un petit hublot, donnant un peu de lumière le jour.

    Je demandais à Claire si elle avait faim. Son ventre se mit alors à gargouiller et le mien lui répondit. « C’est un vrai concert, allons voir en cuisine. »  Nous sortîmes de la cabine puis nous tombâmes nez à nez avec le soldat qui nous avait guidés tout à l’heure. Il nous accompagna vers la salle à manger. Là, il nous laissa en disant que le repas sera bientôt servi. Nous nous installâmes. Les plats arrivèrent rapidement. Au menu du jour, il y avait de la salade, des côtés de porc salé, des pommes de terre et en dessert un sorbet. Le serveur nous fit la remarque de bien en profiter, car ce genre de ration risquait de devenir de moins en moins courant au fur et à mesure de la traversée. Nous nous servîmes, même si je dus expliquer à Claire comment il fallait s’y prendre. Elle avait un peu de mal à saisir la fourchette. Nous nous souhaitâmes mutuellement un bon appétit.

    Les jours s’écoulèrent ballottés par une mer calme, parfois un peu mouvementé par quelques coups de brise. On ne s’ennuyait guère ; Claire apprenait tantôt de moi, tantôt de l’équipage. J’essayai de donner un coup de main, en nettoyant le pont et en participant à la vie de l’équipage. Je n’arrivai pas à comprendre ce qui m’arrivait et je ne cherchais plus d’explication.

    Pourtant un soir, alors que nous nous promenions sur le pont et que la pleine lune brillait parmi les étoiles, un épais brouillard vint subitement à tomber. Le guetteur du navire s’alarma.       Il s’écria : « Tous aux armes ! Et vous deux en bas, rejoignez votre cabine ! » Je me précipitai dedans, entraînant Claire, décontenancée, avec moi. La frayeur commençait à nous envelopper. Je jetai un œil par le hublot. Rien que la nuit noire. Le silence s’installe, se fait lourd et pesant.  Je le rompis :

_ Contre quoi vont-ils devoir se battre ?

_ Je n’en sais rien, mais on dirait que le guetteur était vraiment alarmé, j’ai senti dans sa voix une peur certaine…

    Elle fut interrompue par le bruit d’un canon, auquel d’autres au loin répliquèrent. D’un coup, nous entendîmes avec effroi les râles de l’équipage comme s’ils agonisaient. Le bâtiment commença à tanguer sérieusement, à se soulever même. Je réussis à retenir Claire, à nous placarder contre un mur afin de ne pas perdre l’équilibre. Le bateau cessa de tanguer. Je me risquai à jeter un œil dehors. Le brouillard était toujours là. Rien n’indiquait un quelconque danger, comme si le navire était redevenu fantôme. J’assignai Claire dans la cabine et je partis un peu explorer. Je découvris ici et là des corps sans vie de l’équipage, sans aucune blessure apparente, comme si quelque chose d’autre les avait tués. En effet, leurs visages étaient figés, déformés même, d’atroces souffrances pouvaient se lire dessus. Je regagnais la cabine, écoeuré par cette tragédie. Au moment où je refermais la porte, les canons avaient repris leur récital. Je demandais à Claire si elle avait entendu parler de ce phénomène. Elle me répondit qu’elle n’en savait rien, que les marins ne lui avaient pas raconté d’histoire semblable à celle qui se déroulait devant nos yeux.

    Un nouveau boulet toucha le bateau. Claire sent les flammes et la fumée approchées très dangereusement de la chambre. Elle paniqua totalement. Elle sortit en courant, sans m’attendre. Je tentais de la suivre. Elle disparut dans la fumée. « CLAIIIIRE ! » m’écriais-je, désespéré. Mon cri fut étouffé par un grand mouvement de l’eau. Quelque chose de gigantesque sortit à gauche, de là où venaient les coups de canon. Une énorme baleine sortit des flots et s’écrasa sur le quatre-mâts, le fracassant en deux. Par un ultime réflexe, je réussis à me jeter par-dessus bord. Après quelques secondes passées sous l’eau où je faillis m’étouffer, je pus saisir dans un dernier sursaut une planche. Je m’évanouis.

 



INTERLUDE

 

    Des échos lointains au bord du sommeil. Des coups qui résonnent, inlassables. Des coups et des trompettes de guerre aux cris stériles, face au chant de la lyre et de l’écriture créative. Le monde est ainsi quand j’écris ces lignes sur ce navire ballotté par les vagues d’écume et d’explosion. Je suis en terrain connu. J’ai l’impression de revivre quelque chose de familier.

 

TEMPS MORT

 

    Mais maintenant, je ne veux plus revoir le dehors. Seulement fuir, être dans ma coquille de noix pour la solitude. Penser fait mal. Même s’il est là pour me réconforter dans ce malheur, des jours et des nuits depuis le départ, je suis terriblement seule. Pourtant, nous recevons un mauvais coup de canon et me voilà nouveau naufragé. Ce ne sont que des bribes, que des souvenirs.

TEMPS MORT

 

    Au milieu de l’infini bleuté, une douce musique qui apaise les âmes, amère de toute mélancolie, chaude parfois dans cette mer glacée. Et moi je dérive je ne sais où sur une planche en bois, seul bout de ma vie. Je ne sais même plus qui je suis en fermant mes yeux dans ce monde perdu.

 

TEMPS MORT

 

    La mer est immense. Derrière moi coule l’écume des vagues passées. Sur le sable fin, haillons voluptés de l’ombre des palmiers et sous un mirage, je crois, arrive une figure. Ô île solitaire que je rêve, accueille-moi dans tes bras pour que mon doux rêve prenne vie.

 

TEMPS MORT

 

 

 

25 décembre 2008

Règle du jeu de rôle V.1

Ennemis de la première campagne : 

Le crabe violoncelliste : Attention ennemi le plus pinçant du jeu !! Mais qui a dit que la pince de crabe était bonne à manger ?

L’albatros :  Oiseau majestueux des mers, piètre boiteux à terre

Le corps des Dragons : Corps de force armée d’élite crée une quinzaine d’année auparavant, ces missions consistent à rendre service au Consul et à la Nation, ce qui bien souvent le conduit à la clandestinité… Toutefois, ces derniers temps, on l’aperçoit souvent lors des manifestations qui éclatent sporadiquement un peu partout dans le pays.

Le Dragon : Sorte de CRS de base (donc pas très intelligent quand il est seul), il constitue néanmoins une force d’élite, appelé en cas de nécessité par les autres corps de police. Son efficacité se voit surtout lors des manifestations, quand il charge (appelé dragonnade) les manifestants avec son bouclier et son tonfa (ceux qui ont des matraques n’ont malheureusement pas passé leur permis tonfa et sont encore plus idiots). Sa force peut être décuplé par un exosquelette, mais ils n’ont pas le droit d’utiliser une arme à feu sauf en cas de légitime défense et d’impérieuse nécessité. Ils ont l’autorisation de se déplacer en char, voire, en cas de nécessité extrême, de faire feu avec.

Le lieutenant des Dragons : Un peu plus intelligent que le dragon de base (heureusement sinon il n’aurait pas ce grade), celui-ci commande un peloton soit une vingtaine de dragons. Il a le droit d’utiliser les armes à feu sans restriction.

Le commandant des Dragons : Le commandant des dragons commande une escadre, soit une dizaine d’unité. Son arme de prédilection reste le lance-flamme et commande les explosifs.

Le général de brigade Dragon : Grade suprême des Dragons, ils sont toujours au nombre de 9. Un général de brigade ne peut être remplacé qu’à cause de mort ou de démence avérée… Il commande une brigade, soit neuf escadres, réparties sur une portion du territoire qui est directement sous son autorité. On raconte que chaque général de brigade possède une faculté spéciale qui lui est propre… Leur seul supérieur direct est le Commodore, bras-droit du Consul

Le journaliste : A l’affût de la moindre exclusivité, il est capable de vous harceler jusqu’à vous mener à une mort certaine. Le seul moyen de le battre ? Avoir une meilleure parlotte que lui !

Le robot CX 0564 Fruit des dernières recherches, c’est un drone organique capable de se transformer en une centaine de formes différentes, il sert aussi bien à espionner qu’à attaquer grâce à un laser de classe IV intégré

Ceci n’était qu’un échantillon de ce que vous devrez affronter :nyark :   


Système de jeu :   

Le système de jeu est on ne peut plus simple :
- Pas de PV, le fait de toucher les points vitaux ou de très graves blessures peuvent entraîner la mort
- Pas d’XP, mais un système de spécialisation, donnant des bonus, peut être mis en place quand le jeu sera suffisamment avancé
- Les jets de sauvegarde se font sur un D20, 1 étant la valeur la plus faible, 20 la plus forte ; des bonus, voire des immunités, peuvent s’ajouter en fonction des objets portés ou des capacités acquises par rapport au jet de sauvegarde demandé, sachant qu’au début de la partie tous les jets de sauvegardes n’ont pas de bonus
- La monnaie du jeu est l’écu, tout PJ dispose au début du jeu (sauf mention contraire du MJ)
- Un téléphone portable pour envoyer des SMS et les MMS de manière illimitée, et d’une heure de forfait voix parlé (le SMS étant bien plus discret quand on veut l’être…) C’est un téléphone comme on pourrait en trouver aujourd’hui, avec appareil photo inclus et caméra pour filmer mais les vidéos ne sont transférables que sur ordinateur et à condition d’acheter le câble nécessaire qui est payant lui… L’heure de forfait est à renouveler en achetant une carte dans un bureau de tabac au prix de 10 Ecu
- Une carte de citoyen, preuve d’identité nécessaire en cas de contrôle (à ne surtout pas perdre, sous peine d’ennui)
- Une carte de crédit leur permettant de retirer sur leur compte et de payer (crédit de départ : 100 Ecu donnée généreusement par le MJ ^^), l’argent gagné est à déposer sur votre compte en banque pour pouvoir être utilisé et retiré… Pour en gagner, on peut travailler, jouer à des jeux d’argent (attention c’est interdit par la loi !), vendre des objets à soi (pas retrouver nu tout de même…) ou encore voler (à vos risques et péril, cela peut affecter votre réputation)
- Les PJ disposent chacun d’un lieu de logement où ils peuvent se détendre, regarder la télé et se connecter au net.
- Les PJ ont une carte de bus leur permettant de circuler librement dans la ville mais PAS EN DEHORS !! Pour allez en dehors de la ville, faut banquer :D
- Les PJ disposent d’une grande liberté dans le jeu… mais ne jamais oublier : une action entraîne des conséquences, notamment sur le système de réputation :

- Saint : vous êtes plus blanc que blanc aux yeux de la population qui vous vénère comme un Dieu ; toutefois ce niveau ne peut être atteint si vous avez commis la moindre mauvaise action dans ce jeu (notamment un vol mal réussi)
- Célèbre : la population connaît votre nom, si ce n’est votre histoire par vos exploits, votre bonté, votre générosité et votre charisme
- Très saine : L’accumulation de vos bonnes actions vous a permis de constituer un vrai réseau de relations, de personnes qui vous apprécient
- Saine : quelques bonnes actions vous font connaître ici ou là
- Inconnu : vous êtes monsieur tout le monde (les PJ commencent le jeu à ce niveau de réputation normalement)
- Malfamé : quelques menus larcins ou mauvaises actions vous font repérer par la police, qui  à l’occasion peut vous importuner
- Voyou / criminel : vous êtes recherché par la police et les dragons, vous risquez la prison, voire la torture à tout moment
- Paria : la population vous hait tout simplement ; à vous montrer en public, vous risquez tout simplement le lynchage (mais là faut vraiment le faire exprès)

Le système de combat : Au début de l’aventure, le système de combat se décompose de la manière suivante (vers la fin de la première campagne, il se modifiera légèrement) :

Les combats se déroulent par tour, chaque PJ ayant droit à une action par tour en ce qui concerne l’attaque et la défense, cette action constituant un round.
L’initiative se fait sur un D100, le plus fort score débute.
Cinq choix se présentent aux PJ :

- L’attaque
- Défense/ esquive / désarmement
- La fuite
- Protection / Sacrifice
- La conciliation

Dans le jeu, il existe 3 types d’arme :
- Arme de jet (pistolet, arc…) : l’arme de jet constitue à lancer un projectile à partir d’un mécanisme autre que la force humaine ou qui en décuple la force ; l’utilisation d’une arme de jet se fait par un jet d’intelligence/perception (D20 + bonus en la matière)
- Arme lancée (fléchette, chaise, table, cure-dent…) : l’arme lancée est tout objet jeté à la figure de l’adversaire ; l’utilisation d’une arme lancée se fait par un jet de force (D20 + bonus en la matière)
- Arme blanche (épée, couteau, poing, bâton…) : tout arme qui est gardée en main et qui sert à combattre l’adversaire ; l’utilisation d’une arme blanche se fait par un jet de perception (D20 + bonus en la matière) Chaque arme possède ses propres propriétés physiques qui correspondent à la réalité (inutile donc d’essayer de faire voler un rocher d’une tonne de ses propres mains et j’imagine mal un cure-dent faire mal sauf s’il atteint un œil ou qu’il est lancé à la vitesse du son)

Dans le jeu, vu qu’il n’y a pas de PV, pour espérer abattre un adversaire (ce qui sera bien difficile au début), il faut que l’arme le blesse gravement et/ou touche ses organes vitaux. Les protections, selon leur importance peuvent amortir voire annuler les effets d’une arme (ainsi un gilet pare-balle annulera une attaque par balle). Un 20 assurera un coup critique aux effets dévastateurs, voire mortels.
Dans ce cas, aucune fuite ni esquive n’est possible. Un 1 assurera des effets catastrophiques… pour son utilisateur !! Une blessure légère provoquera un malus en cas d’attaque.
A noter : il est impossible de soigner en combat

La fuite : Au début, il sera bien souvent difficile de battre un adversaire (bien qu’il y en peu en fait dans cette première campagne) et il est préférable de fuir. Dans ce cas, on lance un D100 auquel on ajoute les quatre caractéristiques du personnage (pour rappel, force, intelligence, vivacité et communication). Cela constitue le jet de fuite.
Le Maître du jeu lance quant à lui un jet de garde, constitué de la même manière (caractéristiques du PNJ). Si le jet du Maître du jeu fait un score inférieur à celui du PJ, celui-ci est assuré de sa fuite. Toutefois, si le score entre les deux sont trop proches (+ ou – 10), une simple esquive se produit, la fuite n’est pas totale.

La défense/ l’esquive/ le désarmement : Il s’agit ici d’encaisser le mieux possible le coup, voir d’esquiver l’adversaire et de le désarmer. On le mesure par un jet de vivacité (D20 + vivacité) : - Entre 1 et 10 : on encaisse mieux le coup
- Entre 11 et 20 : on peut esquiver
- + 20 : on peut désarmer
En fonction du résultat, un jet de réussite sur un D20 est nécessaire. L’esquive peut offrir une attaque d’opportunité, si l’adversaire est déséquilibré. Le fait de désarmer permet bien sûr de retourner l’arme de l’adversaire contre lui, s’il en utilise une

La protection / le sacrifice : Un PJ peut éventuellement servir de bouclier humain ou protéger un objet, un PNJ ou un PJ. Un jet de protection se constitue par un D20 + bonus en force et en vivacité. Mais un score trop fort peut aboutir au sacrifice du PJ et à sa perte définitive…

La conciliation : Cette option permet de convertir un adversaire, en lui suggérant de le rejoindre ou d’arrêter le combat. Cela ne marche bien sûr qu’avec des hominidés parlant la même langue et à condition que l’adversaire soit suffisamment faible moralement et/ou physiquement. Toutefois certaines personnes refuseront toujours de céder. Un jet de conciliation marche sur de cette façon : D20 + communication + bonus éventuels
Un jet de nargue peut aussi être demandé et fonctionner de la même façon.


Dans le jeu, beaucoup de PJ seront destinés à mourir… Une guerre ne se gagne pas sans sacrifice mais les âmes, maudites, sont persistantes et garderont leurs caractéristiques…

22 décembre 2008

Actualités

Le 6 septembre :

Bonsoir à toutes et à tous ! Si certaines personnes reviennent de temps à autre sur le blog, je m'excuse sincèrement de ne pas avoir mis à jour depuis la fin avril et de ne pas avoir donné signe de vie. Il faut voir que la mienne a été pas mal occupé ces derniers temps, mais ça n'empêche en aucun cas de bosser sur Animae.
J'ai promis de nouvelles publications pour cette été, et malheureusement, elles n'ont pas pu se faire pour la simple et bonne raison que les parties JDR sont en panne. Donc la fin ne peut pas se faire sans les parties.
Néanmoins, ça ne m'empêche pas de travailler plus en détail sur l'univers d'Animae. J'ai fini l'ébauche de la cosmogonie qui résume la création de ce monde. Ca reste qu'une ébauche et ce n'est pas publiable en tant que tel. Mais ça fait partie du souhait que j'ai de vraiment creuser cet univers et d'aller plus loin.
Pour l'instant, j'ai arrêté le projet pour quelques semaines parce que je prépare des concours administratifs. Allez, je me mets au défi que je publierai sur ce blog quelque chose de nouveau le 6 octobre.

Et pour ceux qui veulent rire un peu et réfléchir sur la mort, voici un texte qui m'est sorti cet été à cause d'un coup de soleil trop fort !



Le 22 avril :

Voilà, ça fait quelques temps que je n'ai pas donné de nouvelles d'Animae et pour cause, je suis parti quelque temps au Cambodge... Mais ça n'empêche pas de dire que le projet avance, et même plutôt bien comparé aux mois de point mort précédent l'ouverture de ce blog. Les parties en JDR s'enchaînent pas trop mal, j'espère pouvoir en finir début juin, sachant qu'une ébauche du scénario de fin est déjà prête. Mais ça empêche d'un autre côté à la partie écriture de se mettre en branle (j'ai travaillé sur une ébauche de cosmogonie). Donc n'attendez pas à de nouvelles publications avant la mi-juin. Je sais, ça fait un peu long, mais je tiens à ma vie social, et je tenais à rassurer les gens qui passent de temps à autre dans le coin, dès que le jdr est fini, le reste va s'enchaîner assez vite !




Le 16 février :

Publication dans une version brouillon de la suite d'Animae. Je ne sais pas si dans la version finale je conserverais la mise en forme actuelle, vu qu'il s'agit de ma propre vision de la chose, et que j'ai un peu peur que le lecteur n'arrive pas à se retrouver entre ces trois histoires entremêlées, qui signe en même temps le rétablissement d'une continuité au sein du récit. Je verrais ça avec le temps.
Et petite nouvelle : j'ai trouvé un peintre qui serait prêt à faire une illustration de couverture et dont l'esprit de peinture colle avec l'esprit d'Animae.





Le 1er Février :

Bonsoir à toutes et à tous ! Suite à quelques problèmes avec le net, je ne peux pas fournir comme promis la suite d'Animae. J'espère pouvoir récupérer de cette carence en cours de semaine ;)




Le 26 janvier 2009 :

Bonjour à tous et à toutes. Un simple billet pour signaler que la suite de l'histoire sera mise en ligne d'ici la fin de la semaine si tous se passent bien. Il est vrai que ça fait depuis un bout de temps que je n'avais rien mis en ligne sur le blog, mais il faut comprendre que cette partie m'a pris un très long moment à la rédiger et qu'elle fait presque 50 pages format A4 sur le traitement de texte (marge par défaut), et que pour la corriger, il faut un petit peu de temps.
Enfin, je suis très content, l'histoire a repris un peu, on a réussi à faire une partie en JDR il y a une semaine (comprendre que l'histoire ne peut avant sans qu'il y ait de JDR).
Bref, 2009 commence sous des auspices plus ou moins bons o/






Le 07 Janvier 2009 :

 

Je voulais juste donner un billet d'humeur sur trois points :

 

  • Être malade, c'est chiant pour écrire, mais j'y arrive quand même, sauf quand il fait 0°C dans l'appart X_X (Note pour plus tard: penser aussi à préparer les concours administratifs, enfin j'en ai le 20 janvier et j'ai ouvert aucun livre pour le moment ^^")
  • Prochaine partie pour le 10 janvier, après une interruption de 9 mois (ouais, le temps de gestation pour accoucher d'un bébé diront certains, des antennes Wifi diront d'autres)
  • Bonne année malgré tout le fait que je déteste les nouvelles années

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.




Le 25 décembre 2008 :


Bonjour à tous et à toutes et bienvenue sur le nouveau blog d'Animae. J'ai voulu changer d'hébergeur car Over-blog ne me laissait pas assez de liberté et ne correspondait pas forcément à ce que j'attendais pour publier petit à petit l'histoire de ce JDR que ça va faire bientôt deux ans que nous sommes dessus, mais qu'on va pouvoir approcher de la fin. J'en ai profité aussi pour refaire un peu la déco, et rendre plus lisible l'interface. J'utilise toujours la solution du blog car c'est la plus facile à la mettre en place, mais si un jour quelqu'un veut s'amuser à créer un site pour Animae, je suis tout à fait preneur !

Bref, tout ça pour dire que sur cette première page, on verra toujours les actualités concernant Animae. Le blog étant constuit de façon chronologique, si vous voulez avoir accès aux derniers chaptires, il faudra cliquer sur la catégorie histoire. Une newsletter  pourra aussi être lancé dans le temps, si des gens osent s'y inscrire (mais faudrait déjà qe des gens passent ici  ^^")

Enfin niveau publication, j'espère pouvoir publié quelque chose de nouveau au cours du mois de janvier, mais cela reste très conditionnel. Je pense aussi rajouter de nouveaux trucs pour mieux préciser les règles du jeu.

Voilà c'est tout pour aujourd'hui, et j'en profite pour souhaiter de joyeuses fêtes à tous :)


21 mars 2007

Un jour la suite...

Je m'excuse sincèrement à propos d'Animae.

Ca été un projet avec lequel j'ai passé beaucoup de bon temps et c'est toujours un projet que je porte dans mon coeur. Mais voilà, la vie est faite de vicissitudes, d'obligations que d'autres et moi obligent à suspendre le projet (je n'ai pas dit annulé). En ce moment, j'ai la fin de mes études, la préparation d'une thèse (un projet de thèse ça demande quand même pas mal de temps!), et j'ai un livre à finalisé sur les jeux vidéo et qui devrait être publié en septembre. Bref, beaucoup de chose en même temps, et je suis contraint pour le moment de mettre Animae dans une parenthèse plus ou moins longue.

J'espère retrouver le courage de pouvoir continuer un jour, peut être sur de nouvelles bases, mais je ne perdrais jamais cet univers que j'ai crée, simplement parce qu'il est pour moi le reflet des relations humaines que nous entretenons chacun
et la réflexion que je porte sur le monde, selon des perspectives historiques différentes.

Voilà. A bientôt ! :)

ps : le texte reste toujours disponible ici, mais ne constitue en aucun cas  une version finale.

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